Ayant toujours vécu au milieu d'oiseaux, j'ai commencé à m'en occuper quotidiennement dès l'âge de neuf ans. Si l'élevage m'a toujours passionné, la perspective des concours ne m'a jamais vraiment attirée, ce qui ne m'interdisait pas de fréquenter dès que possible les expositions annuelles de ma région. Petit à petit, je découvrais le milieu des ornithoculteurs, fréquentant même un club local (mais l'expérience ne m'a pas vraiment satisfait), jusqu'à ce jour de 1997 où je visitais pour la première fois une exposition mondiale des oiseaux d'élevages.
En rentrant dans cette exposition à Reims, j'ai eu un peu l'impression de rentrer dans la caverne d'Ali Baba : plusieurs salles consacrées aux oiseaux d'élevage, je n'avais jamais vu celà au-paravant. Que d'espèces ! Que de variétés ! Tel un renard dans un poulailler, je m'élançais à la recherche de mes oiseaux favoris, les indigènes d'Europe. Mais ma joie a vite été tempérée : les indigènes étaient parqués dans une tente au sein même de l'exposition, et pour y rentrer il fallait montrer patte blanche, ou plus exactement, une carte d'identité…non-française ! Comme mes compagnons de voyage, je n'ai donc pu pénétrer dans le sein des saints, et j'ai dû me contenter des nombreuses espèces " classiques " qui m'ont procuré la joie de la découverte. Cette année-là, j'ai aussi eu le plaisir de discuter avec M.RUELLE Marcel, auteur de plusieurs monographies sur les fringillidés
(Réf.01).
Il ne me reste comme souvenirs de Reims 1997 que le sentiment de la découverte terni par l'impossibilité de voir mes oiseaux préférés.
Ma vie d'étudiant se termina les années suivantes pour laisser place à une vie " active ", et je ne devais retourner à un mondial que cinq ans plus tard, à Ypres, en Belgique.
Et là, après la caverne d'Ali Baba, ce fut la boite de Pandor !
J'ai vu pour la première fois un chardonneret en mutation, agate, en 1993, dans une revue consacrée aux oiseaux sauvages et aux oiseaux d'élevages, aujourd'hui disparue. 2002 fut l'année où je vis réellement cette mutation, ainsi qu'entre autres la splendide mutation eumo du chardonneret
(Photo 02).
Des espèces surprenantes, pour moi du moins, étaient aussi présentes : rouge-gorge, durbec
(Photo 03), niverolle
(Photo 04), rouge-queue noir, à front-blanc
(Photo 05), choucas etc…
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Photo 02 : Chardonneret major eumo, Ypres 2002.
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Photo 03 : Durbec des sapins, Ypres 2002.
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Photo 04 : Niverolle, Ypres 2002.
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Photo 05 : Rouge-queue à front blanc, Ypres 2002.
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Outres les propres espèces en forme nominale et sous-espèces, en phénotype sauvage et muté, de nombreux hybrides étaient exposés, contribuant à faire de ce mondial ma référence personnel en terme de critiques. La grande variété d'espèces, de mutants, et d'hybrides aurait pu être appréciée à sa juste valeur si l'étiquettage, qui brillait par son absence ou sa trop large définition des oiseaux exposés, eu été significatif. Le chardonneret eumo était ainsi désigné par l'étiquette " chardonneret mutation " ou une expression équivalente, et je ne dois l'identification de cet oiseau qu'à la rencontre de MM.Rudy DRIESMANS et Jean-Michel EYTORFF
(Réf.02). Vous imaginez le problème pour identifier les hybrides que vous voyez pour la première fois….
Les exposants professionnels étaient nombreux, divers fabriquants de volière ou cages exposant leur matériel ou matériaux. Je me souviens d'un exposant italien qui proposait à la vente un grillage plastifié rigide pour volière et que je n'ai pas revu par la suite, et évidemment je ne retrouve pas ses coordonnées.
L'année suivante, le mondial se déroula à Amiens, et par rapport à Ypres, il n'était pas si mal que çà, la proximité de la frontière belge ayant probablement favorisée certains exposants.
Les espèces, mutations, hybridations...présentent à Ypres étaient aussi visible à Amiens, et l'étiquettage 2003 était plus précis que le cru 2002, bien que de nombreuses erreurs d'étiquettage étaient flagrantes.
Dans ces conditions, comment identifier les mutations ou hybridations dont on n'est pas coutumié ?
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Photo 06 : Hybride (Chardonneret X Bouvreuil), Amiens 2003.
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Photo 07 : Hybride (Verdier X Canari) Amiens 2003.
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Photo 08 : Chardonneret mmineur, Amiens 2003.
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Photo 09 : mutation de chardonneret à tête grise, Amiens 2003.
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Lors de mes trois premières expositions mondiales, je me suis déplacé le samedi, et bien entendu, j'étais loin d'être seul. La densité de la foule peut être une gêne lors de la prise de photos, tout comme la prise de photos peut gêner les autres visiteurs. Aussi pour 2004, il a été décidé de se rendre à l'exposition le vendredi, et de consacrer le samedi aux pentes enneigées de Suisse.
Il a vraiment été agréable de déambuler dans des halls d'exposition non bondés, et de pouvoir prendre le temps de photographier sans contraintes les oiseaux qui le voulaient bien. L'étiquettage était assez précis, plus que celui de mes souvenirs d'Ypres ou d'Amiens, mais plusieurs erreurs étaient tout de même manifestes, notamment chez les mutations de chardonnerets ou plusieurs satinés et isabelles étaient estampillés " chardonneret eumo ". Il m'a semblé qu'il y a avait moins d'oiseaux, en nombres d'individus et en nombre d'espèces en 2004 par rapport à 2003 ou 2002, mais je ne saurais être catégorique sur ce point. Peut-être est-ce parce que je m'attendais à trouver de nouvelles mutations ou combinaisons de mutations chez les indigènes, ce qui n'a pas eu lieu. Des hybridations m'ont semblé absentes et de nouveaux croisements ont attiré mon œil, mais peut-être n'ai-je tout simplement pas vu les uns ou les autres à telle ou telle exposition. En tout cas, les exposants professionnels étaient nettement moins nombreux qu'à Ypres, et la bourse aux oiseaux très décevante lors de ma visite du vendredi, quasiment que des canaris. N'empêche, je ne regrette pas du tout d'y être aller !
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Photo 10 : Alario, Lausanne 2004.
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Photo 11 : Charonneret isabelle, Lausanne 2004.
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Photo 12 : Canari isabelle argenté, Lausanne 2004.
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Photo 13 : Hybride (Bouvreuil X Canari), Lausanne 2004.
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En conclusion, quelles sont les remarques qu'un simple éleveur amateur comme moi visitant les expositions mondiales a à formuler ?
Hé bien d'abord, je vous dis que si vous avez l'occasion d'assister à un mondial, il ne faut pas hésiter, il y aura toujours quelque chose d'intéressant à voir, ou quelqu'un d'intéressant avec qui discuter.
Je ne connais pas l'organisation interne d'un mondial, mais ne serait-il pas possible d'éradiquer les erreurs grossières d'étiquettage, en demandant par exemple à un éleveur de fringillidés de poser les étiquettes sur les cages de fringillidés, et ainsi de suite ? Il n'en reste pas moins que, d'Ypres à Lausanne, la qualité d'information des étiquettes a considérablement augmentée.
Je regrette enfin que que de nombreux hybrides à phénotype mutant soient classés en mutation d'espèce propre. Je reconnais qu'il n'est pas facile de différencier des hybrides avec plusieurs générations de back-cross, mais à l'origine, il est manifeste et connu de tous que certaines mutations ne sont pas des mutations spontanées (passation verticale de gènes, d'une génération à une autre au sein d'une seule et même espèce) mais des mutations introduites par l'éleveur via l'hybridation entre espèces proches (passation horizontale de gènes, d'une espèce à une autre). C'est le cas de la plupart des mutations existantes chez les verdiers exotiques, qui sont apparues en faite chez le verdier d'Europe.
Il y a là perte de la pérennité des espèces, but premier de l'élevage me semble-t-il.
La Commission ornithologique Mondiale ne pourrait-elle pas suivre une éthique d'élevage, en ces temps de raréfaction des espèces sauvages ?
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