Nourrir ses Fringillidés et les maintenir en vie est relativement aisé de nos jours, au vu des nombreuses variétés de graines disponibles dans le commerce, vendues séparément ou sous forme de mélanges tout prêts adaptés à telle ou telle espèce, à charge de l'éleveur de se procurer le mélange adéquat.
Le propos développé au cours de cet article ne sera donc pas l'alimentation de base des Fringillidés mais concernera l'alimentation complémentaire que je donne à mes oiseaux.
Ayant grandi dans la campagne alsacienne, j'ai eu la chance d'avoir à ma portée tout ce qui pousse et vit dans les jardins, les champs, les forêts, et surtout les prairies naturelles qui se font si rares.
C'est pourquoi depuis mon adolescence je ne me promène presque jamais sans mon couteau et un ou deux sachets plastiques. Ainsi, même si je ne sors pas expréssement pour récolter quelques semences sauvages, je ne rate pas une occasion de procurer un " supplément " à mes oiseaux. Ce n'est d'ailleurs pas la peine d'aller bien loin pour trouver les premières graminées d'intérêts si vous disposez d'un jardin : dès les premiers beaux jours et pour toute l'année, le mouron des oiseaux et la bourse-à-Pasteur poussent dans les lieux incultes, suivi de près par le pissenlit. Tout en nettoyant son jardin ou ses plates-bandes, il est donc possible d'améliorer l'ordinaire de ses oiseaux.
   
Le tableau ci-après (
Tableau 01) répertorie les semences et plantes sauvages distribuées le plus fréquemment dans mon élevage au cours de l'année. La liste n'est bien sûr pas exhaustive, les nombreuses variétés de chardons, cirses, herbes…pouvant être distribuées étant trop nombreuses pour être reprises. Les périodes de récoltes varient en fonction des climats et des régions, et le calendrier est basé sur mes propres observations (en Alsace) et sur les moyennes indiquées dans mon guide des végétaux (
Réf.01). Les périodes indiquées ne se veulent donc pas précises à une région mais générales et indicatives à l'échelle du pays, chaque éleveur devant guetter la période exacte de pousse et de fructification des différentes espèces en fonction de sa région et du climat.
Notez que beaucoup de ces végétaux peuvent être cultivés dans un coin du jardin.
J'insiste régulièrement sur la nécessité de respecter l'oiseau sauvage et son environnement, éthique indissociable pour moi de l'élevage d'oiseaux. Aussi, lors de mes promenades champêtres, je prend bien soin de ne prélever que ce dont j'ai besoin dans les deux journées à venir. Il est inutile de rafler toutes les têtes de graminées disponibles et de devoir jeter le surplus non consommé par vos oiseaux. Il vaut mieux privilégier de petites récoltes variées et régulières, ce qui vous permettra de remarquer plus facilement les préférences de tel oiseau ou telle espèce.
Muni d'une paire de jumelles, d'un couteau et en général de deux sachets, un pour les végétaux alimentaires et un pour les végétaux servant à la construction des nids, je marche le long des prairies et des forêts à la recherche de graines, de mousses et de racines, tout en observant les oiseaux sauvages et autres animaux de rencontre. Je ne récolte jamais l'ensemble des têtes d'un même pied, j'en coupe au maximum un tiers et je ne fais jamais l'ensemble des plants présent au même endroit, m'astreignant à visiter au plus un plan sur trois. Je décapite donc tranquillement une ou deux têtes de graminées par ci par là, je me déplace de plusieurs mètres et recommence mon manège. De cette manière, il y a assez de graines sauvages et pour mes oiseaux, et pour les oiseaux de la nature, et pour la régénération des végétaux.
   
Bien sûr, de nombreux insectes sont présents sur les végétaux, et il en reste toujours quelques uns sur les plantes lors de la distribution dans l'élevage, ce qui peut présenter un intérêt non négligeable pour certains de nos oiseaux, comme par exemple pour les sizerins flammés qui aiment chasser les petites araignées présentent dans les hautes herbes (
photo 02). Outre la présence d'insectes, l'apport de graines et semences sauvages a comme autres avantages co-latéraux de préparer les oiseaux à la reproduction et d'encourager l'élevage des jeunes par la synchronisation qui en résulte entre le rythme de vie des oiseaux (reproduction au printemps et en été dans notre cas) et la nourriture disponible (augmentation en quantité et qualité de la nourriture distribuée).